30 second MBA : Le don d’organe, "nudge" ou main lourde ?
La loi sur le don d’organe a renforcé, depuis le 1er janvier, le principe du "consentement présumé" : sauf si vous avez exprimé votre refus, vous êtes donneur. C’est, dit-on souvent, un exemple de nudge, ces "coups de pouce", inspirés par l’économie comportementale, qui orientent les choix dans le "bon" sens. Et de fait, quand, comme en France, le choix par défaut est de donner (opt-out), presque tout le monde est donneur ; mais quand il faut s’enregistrer explicitement (opt-in), très peu de gens le sont.
Un nudge gagnant, alors ? Ça se discute… Même l’inventeur du nudge, Richard Thaler, trouve l’opt-out trop brutal. Il lui préfère le choix forcé. L’Illinois, par exemple, vous fait choisir, à la délivrance du permis de conduire, entre être donneur ou pas. C’est oui ou c’est non, mais c’est votre réponse. La France, elle, ne vous pose pas la question.
La même question de management – opt-in, opt-out ou choix forcé – se pose sans cesse : peut-on stocker les données des clients ? leur envoyer des e-mails marketing ? ajouter une assurance à leur achat ? voire réallouer automatiquement leur épargne ? Dans tous ces cas, la tentation est grande d’utiliser la force du "nudge", c’est-à-dire… d’abuser de la paresse du consommateur. Mais réfléchissez bien : ce n’est pas parce que l’Etat français ne vous demande pas votre avis qu’il faut faire pareil avec vos clients !
Tous les mercredis, Olivier Sibony (ex-senior partner chez McKinsey, prof de stratégie à HEC, London Business School, Oxford) nous explique un concept de management. Sans bullsh*t.